Ytro

 

(Exode 18:1 – 20:23)

 

  •  Le don de la Thora

 


Cinquante jours après l’ouverture de la mer Rouge, D-ieu se dévoile encore plus dans l’événement du don de la Thora sur le Mont Sinaï.

C’est la seule et l’unique fois, dans l’histoire de l’humanité, ou les hommes ont entendu D-ieu leur parler directement. Ce caractère public de la révélation constitue la preuve la plus irréfutable de son historicité; un homme peut être trompé par son imagination, mais on ne peut tromper un peuple entier.

 

NAASSE VENISHMA
(Nous ferons et nous écouterons)

 

Lorsqu’ils reçurent des mains de Moise la Thora: tout le peuple dit, pour eux mêmes et pour les générations a venir, d’une voix unanime: « nous ferons et nous écouterons »; (Ex.24:7) sous entendu tout ce que D-ieu exigera, d’avance sans même en connaître le contenu, nous proclamons que nous le ferons; et maintenant nous sommes prêts a écouter quelles sont ces exigences.

Accepter un contrat sans en connaître les clauses, c’est évidemment un acte de foi; mais surtout cela signifie qu’après avoir globalement accepté la Loi (Naassé); je suis maintenant prêt a en entendre le détail de son contenu point par point (Nishma).
En disant « Naassé » les Hébreux ont adhéré au projet global de D-ieu, en disant « Nishma » ils ont accepté les commandements.

Nous même face a une décision a prendre, nous décidons tantôt par esprit d’analyse, tantôt par esprit de synthèse, ces deux modes de décisions correspondent respectivement: au fonctionnement ordinaire de l’intelligence, et l’autre a celui de l’instinct.

 

LA SUPÉRIORITÉ DE L’INSTINCT

 

Lorsque nous sommes face a une décision a prendre, c’est parfois après avoir réfléchi et analysé le contenu du problème, et une fois que nous en ayons compris les tenants et les aboutissants, nous agissons.
Et c’est parfois, sans réflexion préalable, nous suivons notre intuition, et dans ce cas c’est notre instinct qui nous éclaire; il y a des choses dont nous comprenons instinctivement la justesse et la nécessité. Au Sinaï, l’instinct a pris le pas sur la raison.

En réalité les fonctions les plus fondamentales de la vie, celle aussi vitales que la respiration ou le battement du cœur sont commandées par l’instinct et non pas par la raison ou la réflexion.
Il est des choses qui s’imposent avec tellement d’évidence que la réflexion est des lors superflue; c’est ce qui s’est passé avec le don de la Thora, celle ci ne s’est pas imposée comme une contrainte extérieure mais comme une évidence première.

Le retour a l’instinct, au primitif, a ce qu’il y a de premier dans l’être, c’est le retour a l’essence même de l’âme, non encore altérée par la création, le temps et l’espace. L’essence d’avant la naissance ou l’âme est entièrement consciente; une fois incarnée elle oublie.
Ce « nous ferons » prononcé au pied du Mont Sinaï est de l’ordre de la mémoire au sens Platonicien du terme: cette exclamation signifie: je le savais, mais je l’avais oublié !

 

LA « HOKHMA » ET LA « BINA »

 

« Nous ferons » c’est cette intuition globale; la « Hokhma » en terme cabalistique, qui est la connaissance immédiate et instinctive de la vérité.
« Nous écouterons » c’est l’entendement, la « Binah » ou les choses deviennent intelligibles parce qu’elles se différencient.
La Thora, c’est la « Hokhma »; les 613 commandements, c’est la « Binah ».
Ces deux « Séphirot » ces deux catégories sont respectivement figurées et exprimées par les kabbalistes par la vision et par l’ouïe.
La « Hokhma c’est la perception première; la « Binah » c’est l’extension intellectuelle et rationnelle de cette perception.
De même la vision est immédiate; je vois la chose telle qu’elle est je découvre son essence.
En revanche lorsque l’entend, je perçois au second degré, a travers un message, que je dois déchiffrer; développer un système intellectuel qui m’en révélera les détails.

 

VOIR LES VOIX

 

D’autre part la Thora manifeste de manière éclatante cette unification des deux formes d’intelligence, puisqu’elle dit que les Hébreux « voyaient les voix »: « Et tout le peuple voyait les voix, les flammes, le son du chofar… » (Ex.20:15)
Voir ce que j’entends, c’est une situation tout a fait exceptionnelle: la capacité d’appréhender dans leur totalité, et immédiatement les choses que je ne perçois généralement qu’au second degré.

Lorsque D-ieu s’est révélé sur le Mont Sinaï les Hébreux ont subi un choc: Ils ont rencontré l’infini, l’absolu; et cependant, ils sont restés vivants ! Leur âme, chaque fois, s’envolait atteignait les cieux et les cieux des cieux, mais ils restaient hommes face au créateur ! C’est cet extraordinaire mélange de présence divine et infinie et de présence humaine et finie qui explique la grande crainte que les Hébreux ont ressenti « et tout le peuple qui était dans le camp fut saisi d’épouvante. » (Ex.19:16)

Il y a un texte qui dit que Moise aurait entendu la voix divine partout, a tous les points cardinaux et qu’il entendait même depuis ses doigts de pieds! Autrement dit les Hébreux sont devenus une sorte de caisse de résonance de l’infini.
Tout en restant hommes, ils ont cesse d’être séparés. Ils ont entendu la voix non pas de l’extérieur mais de l’intérieur, depuis leur propre intériorité ! C’est la le sens profond de l’expression: « Et tout le peuple voyait les voix. »

 

L’INFINI DANS LE FINI

 

Le Divin a pénètre dans l’être. D-ieu en descendant sur le Mont Sinaï, c’est l’infini qui envahit le matériel.
L’événement du Sinaï c’est essentiellement l’irruption de l’infini dans le fini.
La réalité matérielle acquiert ainsi une dimension nouvelle; l’infini est en moi ! je ne peu même plus me réfugier en moi même: je suis envahi par lui.

D-ieu en révélant sa volonté dans l’expression des dix commandements, a en quelque sorte révélé son essence; car le dévoilement de la volonté c’est, dans une certaine mesure, l’essence même de la personne.
En comprenant l’essence de la Thora, je perçois ce qu’est l’essence de D-ieu, en tous cas de son immanence. Car tout ce que je puis connaître de D-ieu c’est sa volonté; donc connaître sa volonté, c’est le connaître. Je ne puis aller au-delà.

Le pouvoir de la Thora émane uniquement du fait que D-ieu y a intégré sa précieuse influence. Ainsi, parler ou s’instruire de la Thora engendre automatiquement l’épanchement de cette influence. Or cette influence de la Thora relève d’une dimension divine, et exprime le niveau suprême parmi tous les niveaux de l’émanation de D-ieu s’épanchant sur les hommes.

Basé sur: Le chandelier d’or de Josy Eisenberg et Aldin Steinsaltz

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YTRO (Exode 18:1 – 20:23) Le don de la Thora

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