Tetsave

(Exode 27:20 – 30:10)
  • « Il remplit le ciel et la terre »

Dans cette Parasha et dans les précédentes il est question de l’élaboration du « Mishkane » (Tabernacle) et de la fabrication des objets qu’il doit contenir ainsi que des préceptes concernant les « Cohanim » (prêtres) et la façon de procéder aux offrandes des « Korbanot » (sacrifices).
D-ieu nous a demandé de lui construire un sanctuaire, afin qu’il réside parmi nous: ce sanctuaire doit être construit avec de la matière physique, dans un espace délimité et dans un lieu spécifique.

On peut se poser la question: comment est il possible que D-ieu qui est infini et qui n’est soumis a aucune limitation spatiale, comme il est écrit « Il remplit le ciel et la terre » (Jer. 23-24), comment se fait-il donc, qu’il nous ait commande de lui construire un lieu spécifique dans lequel Il établira sa résidence ?
Donc 1 ère question: pourquoi dans un lieu spécifique ?
(Par la suite le Temple de Jérusalem sera le lieu fixe et immuable.)
Et seconde question: comment peut-Il être limite dans un espace matériel ?

LES DEUX DIMENSIONS DES OFFRANDES SACRIFICIELLES

L’activité principale dans le « Mishkane » (Tabernacle) et le « Bet-Hamikdach »(le Temple de Jérusalem) concernait les « Korbanot » (sacrifices). Cette activité comprenait deux dimensions:
a) Une activité physique: qui consistait a sacrifier des animaux.
b) La partie spirituelle qui accompagnait ces sacrifices, c’est-a-dire les « Cavanot » (intentions) qui de nos jours sont exprimées par nos prières, comme le spécifie le Talmud (brakhot 26 b): « Les prières ont êtes instituées a la place de l’offrande quotidienne ».

Ces deux dimensions de sacrifices sont liées au « Mishkane » et au « Bet-HaMikdash ».
De nos jours, les sacrifices ne pourraient être faits qu’au sein du « Bet-HaMikdash »; mais étant donné que nous sommes temporairement privés de « Bet-HaMikdash », nous sommes de ce fait dans l’impossibilité de faire des « Korbanot ».

LA PRIÈRE

Un concept similaire s’applique a la prière; qui est, comme nous l’avons vu, la contrepartie des « Korbanot »
Lorsque l’on prie il faut toujours se tourner en direction du « Bet-HaMikdash », car c’est la que se trouvent les portes du ciel. C’est au travers du « Bet-HaMikdash » que montent nos prières.
En diaspora (tout lieu en dehors d’Israël), il faut prier en se tournant vers Israël.
En Israël, on doit se tourner en direction de Jérusalem et a Jérusalem en direction du « Bet HaMikdash ».

Ceci soulève une question : La prière est décrite comme un service qui se tient dans le cœur, c’est par conséquent une activité totalement spirituelle.
Pourquoi cette activité spirituelle est elle associée a un lieu physique, dans des limites spécifiques ?

En ce qui concerne les « Korbanot », ceci est compréhensible, étant donné que les sacrifices s’effectuaient avec des animaux, et nécessitaient des objets physiques.
Même l’influence spirituelle que ces holocaustes impliquaient, se dévoilait d’une manière physique, a savoir: « Un feu s’élança de devant le seigneur et consuma sur l’autel, l’holocauste et les graisses. » (Lev 9-24)

En ce qui concerne la prière, dimension spirituelle des sacrifices: la limitation a un lieu spécifique est plus difficile a comprendre.
Étant donné que la prière est un service entièrement spirituel; hormis la personne de celui même qui prie, la prière n’implique aucun élément physique. Son objectif est de nous rapprocher de D-ieu. L’aspect fondamental de la prière est l’intention qui est dans le cœur, l’effort spirituel de la personne.
Il est vrai que la prière doit être verbalisée par des mots, mais c’est une activité qui relève essentiellement du spirituel.

La prière permet de faire descendre les bénédictions dans le monde matériel, elle a ainsi un effet sur la matérialité. Ceci est certes moins perceptible que ce feu qui descendait du ciel pour consumer le sacrifice mais son effet est tout aussi réel.
La question reste entière: étant donné que la prière est entièrement un acte spirituel, pourquoi doit-elle être liée a un lieu physique spécifique ?

UN NIVEAU AU-DESSUS DE L’INFINI

Pour résoudre cette question, il nous faut faire appel a un principe spirituel bien connu qui stipule que les attributs qui sont potentiellement les plus élevés descendent dans les niveaux les plus bas.

D-ieu est l’infini par excellence. Il n’est enfermé dans aucune sorte de limites; ni dans les limites de l’espace fini, ni dans celles de la transcendance.

Ainsi, de même que l’on on ne peut pas dire que D-ieu est confiné en un lieu spécifique, de même on ne peut pas dire qu’il transcende l’espace. Car la transcendance est elle-même une définition qui implique une limite: dire qu’elle est au-delà de l’espace, c’est dire, en effet, qu’elle n’est pas contenue dans l’espace et c’est lui appliquer une limite.
D-ieu est au-dessus de toute définition et limite; il se manifeste dans tous les moyens d’expressions.
Lorsque espace et transcendance, fini et infini se rejoignent, dans cette fusion des opposés, l’essence de D-ieu est révélée. C’est ainsi qu’il est véritablement omniprésent: lorsqu’il rassemble des extrémités contraires.

C’est la, la nouveauté qui a été introduite dans le « Mishkan » et le « Bet-HaMikdache »: d’un coté, ils étaient limités dans le confins du monde matériel, tous les objets et les pièces avaient des mesures que D-ieu nous a communiquées avec exactitude de l’autre coté, un élément divin se révélait dans ces limites, un élément qui transcendait toute limitation, révélant ainsi la fusion du fini et du transcendant.

ESPACE ET TRANSCENDANCE

La « Mishna » nous révèle que dans le « Bet-HaMikdache » il y avait dix miracles en permanence. Dans le « Kodech Ha Kodechim » (Saint des Saints) il y avait un miracle constant: l’espace de l’arche Sainte n’était pas inclus dans les mesures de la longueur de la chambre. (Yoma 21-a)

L’arche mesurait deux coudées et demi de long. Et par ailleurs, il y avait dix coudées depuis le mur occidental (ouest) jusqu’à l’Arche Sainte; et dix coudées également du mur oriental (est) jusqu’à l’Arche Sainte, et la taille de la pièce en son entier n’était que de vingt coudées. Ceci nous révèle le pouvoir de l’essence de D-ieu qui est en mesure de fusionner deux opposés, espace et transcendance.
C’est pour cette raison que les offrandes et nos prières son connectées avec le « Bet-HaMikdache ».

Le but ultime est d’établir une connexion spirituelle avec le niveau du divin qui se trouve au-dessus de toute forme de description, et qui ne peut même pas être exprimé par le terme « illimité ».
Pour accéder a ce niveau de divinité, le service divin doit être associé a l’espace matériel avec ces limitations qui caractérisent ce dernier.

Si nos prières et les sacrifices n’étaient pas attachés a un lieu spécifique, il ne se connecteraient qu’a la dimension de D-ieu qui transcende la limitation et non pas a son essence.
Car comment s’exprime l’essence de D-ieu ?
Elle s’exprime par la fusion du fini et du transcendant.

Basé sur: Une explication du Rabbi de Loubavitch « z.l. »

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