(Deutéronome 33:1 – 34:12)

• La Prophétie

L’EXPERIENCE PROPHETIQUE

Notre Parasha la dernière du « Pentateuque » se termine par la fin de la vie de Moise a l’age de cent vingt ans. La Thora dit: qu’il n’a plus paru, en Israël, un prophète tel que Moise, avec qui le seigneur avait parle face a face. » (Deut.34:10) La prophétie ne dévoile pas l’avenir mais répond a la nostalgie d’une connaissance de D-ieu; elle ne dévoile pas l’avenir, mais l’absolu.
En toute révélation prophétique, il y a rencontre entre l’humain et le surhumain, entre le naturel et le surnaturel.
L’expérience mystique est une ascension, alors que l’expérience prophétique se révèle au contraire, comme un choc inattendu. C’est l’orage qui éclate en plein ciel d’été et qui surprend un homme non équipé.
la véritable rencontre avec D-ieu est celle ou tout devient échange et réciprocité.

Les prophètes sont des organes ils jouent le rôle d’instruments; a travers eux l’infini cherche a pénétrer dans le fini, l’éternité se fraie une voie vers le temps.
deux actes conjugués constituent la prophétie: celui de la révélation et celui de la communication, elle exige la transmission.

Le prophète est un « Ich Ha-Rouach », un homme de l’esprit.
Pour Moise la « Rouah » est une grâce permanente et il en faisait un usage régulier et presque inconscient; alors que chez les autres prophètes elle explose soudainement et reste limitée a l’expérience d’un instant éblouissant.

LA « ROUAKH » SOURCE DE VIE

Au sens étymologique du mot « Rouah » c’est le vent, l’air, dont l’absence, expose a la perte de vie par asphyxie. C’est aussi le souffle dans le corps de l’homme, La « Rouah » est le signe même de la vie.
L’esprit « Rouah », c’est l’ordre proprement surnaturel auquel l’homme a part.
Elle vient du dehors, elle in-spire au sens littéral.

La « Rouah Ha-Kodesh » (L’esprit Saint) est décrite comme un fluide. La « Rouah » (souffle) de D-ieu planait sur la face des eaux. (Gen 1.2) Cette « Rouah » originelle, détachée du chaos et veillant sur lui, n’est pas seulement fluide vital, mais source de vie.

En possédant la « Rouah », l’homme n’a pas acquis une vie, mais la vie.
« Leur retires-tu leur esprit « Rouah », ils meurent et retournent a la poussière, et lorsque tu envoies ton esprit « Rouah », ils sont recrées (Ps. 104:29-30)
Ce psaume confond la « Rouah » de D-ieu et celle de l’homme; confusion significative. La « Rouah » est une dimension de rencontre entre D-ieu et l’homme.
L’homme ne vit que lorsqu’il est atteint et traverse par la « Rouah »; il meurt lorsqu’il le quitte. D-ieu envoie la « Rouah » qui se propage comme l’onde et capte les êtres; reprenant la « Rouah », D-ieu déposséde les êtres et les renvoies a leur mort.

LA RENCONTRE ENTRE D-IEU ET L’HOMME

La dimension de la « Rouah » dépasse celle des êtres physiques; elle ne les saisit ni dans leur localisation ni dans leur individualisation, mais dans leur communion.

La « Rouah » est esprit de vie « Rouah Khayim ». Pour peu que cet esprit rencontre une autre vie, il communique avec elle.
C’est le secret de la rencontre entre D-ieu et l’homme. Parce que D-ieu dans la Thora est vivant, l’esprit de de vie en l’homme participe a l’esprit de D-ieu.

Le prophète l’est par sa conscience de participer a une autre réalité que celle de sa propre vie: a la vie de D-ieu.
La différence entre le commun des mortels et le prophète ? c’est lorsqu’au lieu de rencontrer l’Esprit, l’homme rencontre D-ieu; non pas une essence mais un Être vivant.
La rencontre avec le D-ieu vivant ne relevait pas aux prophètes ni un esprit ni une idée, mais un partenaire.

LE « DAVAR » LA PAROLE

L’expérience prophétique se joue encore sur un autre plan, l’inspiration par la « Rouah » est une expérience privée, mais le prophète n’est pas seulement appelé, il est aussi envoyé il doit livrer son message dans la vie publique.
A la révélation succède l’affrontement, qui n’est plus du domaine de la « Rouah » mais de celui du « Davar » (parole): L’esprit se complète par la parole.

La parole est la maturité de l’esprit, elle seule atteste que l’esprit a abouti. Tout le domaine de la « Rouah » reste subjectif; ce sont les rêves les visions les extases; leur récits sont fait a la première personne: « j’ai rêvé…, J’ai vu… ».
Le domaine du « Davar » est objectif, au Je du prophète se substitue un:  » parole de D-ieu…, discours de D-ieu… »

Si la « Rouah » est déjà un mouvement de D-ieu vers le monde, le « Davar » est l’aboutissement de ce mouvement. La « Rouah » prophétique manifeste la volonté d’une révélation; le « Davar » c’est la volonté devenue acte. En face de la parole l’homme n’a plus ni a deviner ni a pressentir, mais a obéir.

Dans la parole, D-ieu et l’homme sont essentiellement deux, dans la « Rouah », ils ne le sont que formellement.
La parole de D-ieu attend une réponse et la véritable réponse au « Davar » de D-ieu, c’est de répéter ce « Davar », d’être le porte-parole de D-ieu.
La prophétie par le « Davar » veut, a travers certains hommes, les atteindre tous.

LA PAROLE CRÉATRICE

Lorsque le « Davar » sort de la bouche du prophète, il ne vise pas l’oreille de l’auditeur mais sa volonté; et le « Davar » lui-même provoque l’action; il est créateur.

De même, dans la description de la genèse, la « Rouah » ne peut que planer sur le chaos, mais par la parole l’organise. « D-ieu dit: que la lumière soit » (Gen. 1:2) La parole de D-ieu est créatrice.
Cette fonction créatrice est inhérente a la parole prophétique. Par la parole prophétique D-ieu continue a créer.
Le « Davar » c’est l’intervention de D-ieu dans l’évolution morale et physique du monde.
Il y a une présence de D-ieu dans le monde par la « Rouah », par le « Davar » D-ieu coopère avec l’homme. Dieu et l’homme se rencontrent dans l’alliance.
La parole transmise n’est pas homogène a la parole reçue. La même parole, captée par le prophète, prend un sens nouveau lorsque le prophète l’énonce.
La Thora ne propose pas qu’une simple relation entre le divin et l’humain, mais une alliance entre D-ieu et les hommes. Elle suggère que la vocation de l’homme c’est d’aimer D-ieu, elle ne nous propose ni religion, ni vénération, ni culte mais amour.

Base sur: L’essence du prophétisme d’Andre Neher

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