Vaykra
(Lévitique 1:1 – 5:26)
- « Téchouva » et « Tsédaka »
Le livre de « Shemot » s’est terminé sur l’édification du « Mishkan ». Dés lors que l’équipement est prêt, il nous faut savoir quoi en faire, comment l’utiliser c’est la raison pour laquelle notre nouveau livre « Vaykra » commence par les « Korbanot » (sacrifices) c’est le mode d’emploi, nous apprenons comment et dans quel but utiliser le « Mishkan » (Tabernacle).
UN PEUPLE DE TRÈS HAUT NIVEAU MORAL
Il nous faut bien comprendre la véritable nature de ces sacrifices, on se tromperait a penser que ce sont des pratiques réservées a des gens de peu et des pêcheurs qui effaceraient ainsi leurs pêchés.
Un examen attentif des raisons qui sont à l’origine de ces sacrifices, montre qu’ils s’adressent a un peuple qui à atteint un très haut niveau moral et qui aspire à un degré encore plus élevé. Ils constituent l’expression de sentiments de gratitude éprouvés par des individus de la nation à l’égard de la Providence, ils supposent un sens très aigu des responsabilités humaines a l’égard de D-ieu et à l’égard d’autrui.
Les holocaustes étaient offerts dans les cas de pêchés commis soit seulement en pensée, soit involontairement soit par mégarde; ou lorsque l’accomplissement d’une Mitsva avait simplement été omis, et enfin dans certains cas limites, tels que celui d’un doute sur un pêché commis ou non.
Certains sacrifices constituent l’offrande présentée à l »Éternel à l’occasion d’un vœu formulé en son honneur ou d’une expression de gratitude a l’occasion d’un bienfait personnel, ou de la célébration d’une fête de pèlerinage.
Cette énumération suffit à nous faire apprécier la haute valeur morale et religieuse des juifs qui pratiquaient ces sacrifices.
LA SUBSTITUTION ou LA « TECHOUVA »
Nulle part il n’est question de pouvoir obtenir le pardon pour un pêché en allant offrir une bête de sacrifice au Temple de D-ieu, si le méfait a été commis sciemment ou avec préméditation, ou pour des pêchés courants commis par indifférence, par esprit d’apostasie ou d’infidélité a la parole divine.
Les sacrifices reposent sur trois éléments fondamentaux: la substitution, le rapprochement et l’offrande.
la substitution éveille la « Téchouva » (repentance) qui elle doit affecter l’homme dans sa triple dimension: la pensée la parole et l’action; c’est pourquoi la Thora a ordonné d’appuyer les mains sur la tête du sacrifice ce qui correspond a l’acte (symboliquement le transfert de la faute).
Elle a exigé la confession des pêchés, ce qui correspond au facteur de la parole, puis la combustion des parties internes symbolisant la pensée et les instincts.
Ainsi en offrant son sacrifice, l’homme se rendra compte qu’il méritait lui-même la mort et que l’animal la substitué.
Le Talmud nous avertit: « Ni une offrande pour le pêché, ni un sacrifice expiatoire, ni la mort, ni Yom Kippour, ne peut réaliser l’expiation s’il elle n’est pas accompagnée de la « Téchouva ». » (Tos. Yoma 5:9) Il est des lors clair que la « Téchouva » fait partie intégrale du sacrifice.
OU ES-TU ?
Le véritable problème de l’homme, ce n’est pas de comptabiliser ses fautes: c’est de connaitre le lieu ou il se trouve dans la trame de son histoire.
C’est la forme supérieure de la « Téchouva », celle qui concerne ma personnalité, mon moi profond.
La il ne s’agit plus de s’interroger sur la qualité de mes actes, mais la nature de mes pensées : ou se situent-elles vraiment? La fonction de cette « Téchouva » consiste fondamentalement à ramener nos pensées à ce qu’elles devraient être; en effet ce qui compte, c’est ce qui importe pour la pensée. La question se pose dans les termes suivants: à quoi l’homme attribue-t-il véritablement de la valeur?
« D-ieu appela Adam et lui dit: Ou es-tu? -Il répondit: -J’ai entendu ta voix … et je me suis caché » (Gen.3:9)
Ceux qui font des sacrifices au Temple sont des hommes qui ne se cachent plus qui répondent a l’appelle de D-ieu « Ou es-tu? »
Quiconque entend la question, ou simplement l’écho de cette voix qui retentissait dans le jardin et qui résonne toujours dans le monde, n’entend pas la question, il entend la voix de celui qui la pose.
Cette question soulève en nous la question: Ou suis-je?, Ou vais-je?, Que fais-je?. Autrement dit a la question Ou suis-je ? il peut sembler que ce soit l’homme qui se la pose; mais au fond c’est la voix de D-ieu qui s’adresse à l’homme égaré, à l’homme qui quelque part se cache.
LE RAPPROCHEMENT DES DEUX « HE »
La Thora lorsqu’elle nous entretient de l’offrande des sacrifices emploie toujours et exclusivement le Tétragramme.
La racine du mot « Korban » (Sacrifice) est « Karov » qui signifie rapprochement, cela fait allusion au rapprochement des sphères supérieures et inférieures.
Le sacrifice suscite le rapprochement et la conjonction des éléments terrestres et des éléments célestes. Ce rapprochement a pour but final de réaliser l’Unité des sphères supérieures et des sphères inférieures.
L’animal n’est qu’un simple véhicule par lequel le processus de rapprochement est effectué.
L’essentiel des sacrifices concernent le « He » supérieur et le « He » inférieur.
Le « He » supérieur désigne la méditation de la grandeur divine, la réflexion dans la prière, et les « Kavanot » (le fait de diriger ses pensées).
Le « He » inférieur, c’est l’acte physique et matériel du sacrifice de l’animal.
L’âme s’élève par le commandement des sacrifices et des commandements en général, ceux-ci font que le « He » d’en bas s’unit au « He » d’en haut.
Ainsi nous accédons à un autre Nom Suprême « Yod » « He »
Il faut que ces sacrifices soient accompagnés d’une « Techouva » réelle et profonde car celle-ci permet une unification du Nom à son niveau suprême.
C’est pourquoi le mot « Téchouva » peut se lire « Tachouv » « He » (le retour du « He »): le « He » d’en haut retrouve le « Yod ».
Chaque lettre du Nom Suprême renvoie a un monde particulier. Le « Yod » la première lettre désigne « Atsilout » (monde de l’émanation) le « He » la seconde lettre commence le monde de la création, de la finitude.
Par la « Téchouva », le « He » notre vie retourne au « Yod » c’est la réunification que les kabbalistes appellent l’unification suprême.
L’OFFRANDE ou LA « TSEDAKA »
La notion d’offrande implique la renonciation par le fidèle à quelque chose qui lui appartient, qu’il offre au Créateur.
De nos jours ces offrandes sont remplacées par l’acte de « Tsédaka » (charité) comme l’affirme le Talmud:
« -Rabbi Josué, considérait le Temple détruit, s’écria: Malheur a nous! le lieu ou Israël obtenait l’expiation de ses péchés est en ruines! -Rabbi Johanna lui dit: -Mon fils, ne te désole pas. Il nous reste une expiation également efficace, c’est la « Tsédaka ». »
La Tsédaka accompagnée de la « Téchouva » remplace toutes ces dimensions du sacrifices. Pratiquement la Tsédaka ne consiste pas qu’a donner des piécettes à des mendiants dans la rue.
Tout juif est tenu de donner entre dix à vingt pour cent de son salaire (net) à la « Tsédaka ».
10% correspondant au « Ma’asser » et en donnant 20% on accomplit la « Mitsva » « Tu aimeras l’Éternel de tous tes moyens ». (Deut.6:5)
Dans la marge de ces 10 et 20% se situe cette forme de Tsédaka qui remplace les sacrifices.
La Tsedaka n’est pas réservée aux riches, même un mendiant est tenu de donner 10% de ses revenus a un plus nécessiteux que lui.
L’un peut donner beaucoup et l’autre moins, tant que le cœur se dirige vers le ciel. Puisque ce n’est pas la qualité du sacrifice qui compte mais l’effort accompli par celui qui l’offre, la maigre offrande du pauvre peut avoir plus grande valeur que le somptueux sacrifice apporté par le riche.
LES PRIORITÉS
Au niveau des priorités, l’idéal est d’aider quelqu’un qui pourvoyait a ses propres besoins a conserver ses moyen d’existences et de ne pas faire faillite, afin de continuer à pouvoir vivre en toute indépendance.
On devrait s’efforcer de faire la Tsédaka la ou cela fait le plus de bien et la ou l’impact sera le plus fort, généralement les institutions sont plus a même de soutenir un grand nombre de causes et de personnes nécessiteuses; ceci bien évidemment si l’on est certain que les sommes sont distribuées selon les règles.
L’avantage des institutions c’est que ni le receveur ni le donneur ne se connaissent. En effet la Tsédaka la plus effective est un don anonyme à un destinataire inconnu; car si la personne qui reçoit éprouve de la honte ou une gène quelconque, on a fait plus de mal que de bien.
Ces institutions peuvent être des communautés juives qui collectent un fond destiné à subvenir aux besoins des pauvres et des nécessiteux. On peut aussi soutenir les « yeshivot » plus spécialement celles en « Eretz Israël »; aider à la diffusion de livres et de publications de sujets de Thora.
La Tsédaka doit être faite dans la joie et l’amour et pas à contre cœur, il y a en effet une grande différence entre un acte que l’homme fait par obligation et celui qu’il accomplit par amour.
Il faut donner la Tsédaka tout en montrant sa compassion pour la douleur du pauvre et en le consolant, une attitude contraire dévalue le geste et des lors le mérite de l’acte est perdu.
Basé sur: La voix de la Thora de Elie Munk.
Le chandelier d’or de Josy Eisenberg et Aldin Steinsaltz.
Likoutei Amarime du Rabi Schneour Zalman de Liady
Choulhane Aroukh De Rabi Yossef Cairo
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