Yom Hatsmaout

  • L’ère Messianique en route


« L’Éternel dit a Abram: Va-t’en pour toi hors de ton pays, de ton lieu natal et de la maison paternelle, vers le pays que je t’indiquerai. » (Gen.12:1)

Cette parole millénaire, ce « va-t-en vers le pays », s’adresse également a nous particulièrement aujourd’hui. Après une longue période d’exil, il nous est enfin possible de retrouver une existence nationale. Notre génération, plus que toute autre, peut concrétiser ce rêve millénaire.
Pour cela il nous faut renforcer notre lien avec le peuple juif, avec la terre d’Israël, avec la Thora.
Nous devons construire, avancer, perfectionner, améliorer. Alors comme D-ieu l’a promis a Abraham, le peuple juif deviendra « une source de bénédiction pour l’humanité » (Ber.12:2)

A partir d’Abraham et a travers lui, Dieu ne s’adresse plus a des êtres isolés, mais a une nation: « Je ferai de toi une grande nation » (ibid). Or des que l’on parle de nation, on est obligé d’envisager un territoire concret pour cette nation.

La conscience que notre époque frise la fin des temps, ne s’acquiert pas seulement par l’étude des textes sacrés, mais elle se perçoit dans la réalité grandiose de l’histoire israélienne et dans la dimension des faits.

RÉSURRECTION DU PEUPLE SUR SA TERRE

Le judaïsme est constitué de trois forces vives: la religion ou attachement a la Thora, le nationalisme ou attachement a la terre et l’humanisme ou attachement aux valeurs morales ou culturelles. Nous ne sommes en présence d’un judaïsme plein et entier que lorsque ces trois forces sont concomitantes.

En nous projetant a l’origine de l’humanité, nous trouvons qu’en Hébreu, le premier homme et l’homme par définition s’appelle « Adam », car il a été extrait de « Adama » (la terre) Le lien entre l’homme et la terre est donc bel et bien organique.

La présence du peuple juif sur sa terre ancestrale est la condition siné qua non a la mise en pratique de la Thora dans son intégralité; en effet la seule option pour pratiquer l’intégralité des « mitsvot » est justement de vivre en Israël. Comment pourrions-nous mettre en pratique en exil des commandements comme la « Shmita », (repos Shabbatique de la terre)?
La véritable mise en pratique de la Thora n’est en fait possible que pour le peuple juif habitant sur sa terre.

La construction d’une ville en Israël constitue un événement capital! Nos patriarches en ont donné l’exemple: ils n’ont cessé d’ensemencer la Terre d’Israël et d’y creuser des puits avec une grande ferveur. Le Talmud abonde en éloges envers celui qui plante le sol sacré.
On cite a ce propos l’enseignement suivant: Si une personne est en train de planter dans le sol d’Israël et que l’on vient lui annoncer l’arrivée du Messie, il devra d’abord terminer son activité en cours, et ensuite seulement aller a la rencontre du Messie.
Il faut comprendre que ces deux points apparemment différents et sans rapport en fait ne constituent que deux aspects d’une meme dynamique: la résurrection du peuple juif sur sa terre et l’avènement messianique.

Les multiples versets de la Thora nous poussent a admettre que vivre en terre d’Israël constitue bien plus qu’une simple « Mitsva », (Commandement religieux) « Vous prendrez possession du pays et vous y habiterez, car je vous l’ai donne pour qu’il soit votre propriété. » Il s’agit la d’un commandement positif. D-ieu nous ordonne en termes clairs et précis de prendre possession de ce pays et de l’habiter.

L’ÈRE MESSIANIQUE EN ROUTE

L’État d’Israël n’est pas un moyen ni un outil mais une fin, liée intrinsèquement avec la nation juive. Il existe en fait qu’un seul et même terme: Israël, pour nommer la terre et le peuple, tous deux ne formant qu’un et se fondant dans une seule et même entité.

Pendant deux mille ans, aux quatre coins du monde, les juifs riches ou pauvres, séfarades ou ashkénazes, ceux de tous les opinions, de toutes les tendances, ont dirigé leur prières vers la ville de l’Éternel, vers le pays qu’il nous a promis. Patiemment mais ardemment, comme un amant attend sa fiancée, nous avons attendu le retour vers Sion, avec la plus folle, mais aussi la plus fidèle, des espérances.

D-ieu a créé des circonstances historiques extraordinaires qui ont permis le retour a Sion et le re-création de l’État d’Israël. Il a également provoqué les bouleversements historiques et de notre psychologie intérieure qui nous ont rendus courageux.

Pour mieux comprendre la situation d’aujourd’hui, nous devons toujours avoir a l’esprit que le retour et la « résurrection » d’un peuple sur sa terre ne se fait pas d’un coup de baguette magique. Après tout, deux mille ans de torpeur nationale ne peuvent s’effacer d’un trait.

D-ieu seul sait combien de temps doit durer la « Galout » (l’exil). Et tant que cette période n’est pas écoulée, les décrets demeurent. Mais nous, ils ne nous dispensent de rien. Nous devons appliquer le commandement d’habiter Israël sans spéculer sur ces décrets. C’est d’ailleurs le seul moyen de savoir que l’exil est termine. Durant toute la « Galout » nous devons tenter de retourner au pays. Si cela réussit, c’est la preuve de la fin de la « Diaspora ».

Bien que notre État ne soit pas tout a fait l’État idéal, messianique, il est certain que l’indépendance politique dont nous jouissons nous en rapproche. Nous avons encore beaucoup a faire avant d’atteindre l’objectif final, mais nous sommes un « État en route » ou l’ère messianique en route »!

LE JUDAÏSME: PEUPLE OU RELIGION ?

Toute la question est de savoir si le judaïsme est une nation ou une religion.
Or il est bien évident que le judaïsme n’est pas seulement une « religion ». Si c’était le cas, tout juif non-religieux ne serait pas considéré comme juif; mais aucune source juive n’a jamais prétendu qu’un tel homme est moins juif qu’un autre. Nous sommes donc un peuple et non une religion.

La légitimité de notre implantation en Terre d’Israël relève du droit international. Le monde entier sait que cette terre est notre. Les Arabes eux-mêmes admettent qu’il en est fait mention dans le Coran. Leur argumentation selon laquelle nous aurions abandonné notre terre et donc perdu nos droits n’a aucune valeur.
Tous les peuples qui se sont installés ici savaient qu’ils s’installaient sur la Terre d’Israël. Il se peut qu’un Arabe né ici n’en ait pas conscience, mais d’un point de vue légal, le fait de se fixer sur une terre ne la transforme pas ipso facto en propriété privée.
Les juifs ont en outre toujours proclamé que c’était leur Terre et qu’ils y reviendraient lorsqu’ils en auraient la possibilité. Tout le peuple avait les yeux tournés vers Sion.

La présence des Arabes en Terre d’Israël est donc une « possession » de fait sans revendication de « propriété ». Il s’agit de l’occupation d’une terre dont ils ne sont pas les propriétaires légitimes et cette occupation n’a aucune valeur légale ou morale.

Lorsque les Polonais récupérèrent la Silésie occupée trois cent ans par les Allemands, ils en expulsèrent les sept mille Allemands qui y vivaient et personne ne les en blâma car il était clair pour tous que c’était leur pays.
L’éloignement du peuple juif de sa terre pendant l’exil n’a en aucune façon aboli son droit de propriété sur cette terre. Projet divin, morale humanitaire et histoire concordent donc: la terre d’Israël appartient au peuple juif.

Les Prophetes de la Torah ont promis que le peuple juif reviendrait sur sa terre et en prendrait possession. C’est ce qui s’effectue aujourd’hui lentement et notre génération a le privilège d’en être le témoin. Un miracle se produit sous nos yeux: notre nation est en train de revivre, et pour ce faire, elle affirme sa présence sur sa terre. 

SIMULTANÉMENT UNE PROMESSE ET UNE MITSVA

Le retour sur la terre d’Israël, n’est pas seulement une promesse divine ou un décret divin, c’est également une « Mitsva », un devoir d’ordre religieux, une responsabilité de tout juif vis-a-vis de lui-même, vis-a-vis de D-ieu et vis-a-vis du peuple juif.

Le fait que le retour sur la terre d’Israël soit a la fois une « Mitsva » et une promesse divine est parfois générateur de confusions dans le monde juif. En effet, s’il s’agit d’une promesse divine, toute initiative humaine serait vaine tant que le moment n’est pas arrivé. Cette interprétation incite donc a une attitude passive, contemplative, d’attente persévérante dans la foi et dans la confiance. Si par contre, il s’agit d’une « Mitsva », il faut l’accomplir et c’est prendre une responsabilité que de ne pas essayer, quelles que soient par ailleurs les chances de réussite.

Il n’y a pas de contradiction entre ces deux attitudes et le fait qu’une parole divine puisse être simultanément commandement et promesse.
Dans le même ordre d’idée, on peut rappeler l’injonction de la Thora « croissez et multipliez » (Gen.1:28) qui est a la fois une promesse et une « Mitsva ». Il s’agit d’une association de l’homme a l’œuvre divine de la Création. Il y a des choses que D-ieu choisit d’accomplir par l’intermédiaire de l’homme et de ses efforts.

La promesse divine de résurrection nationale a donc été accomplie mais a travers l’homme et ses efforts. C’est également ainsi que s’effectue la résurrection spirituelle, le renforcement du monde intérieur de chacun.

Base sur: Étincelles du Rav Chlomo Aviner
Le souffle de vie du Rav Chlomo Aviner