Nous commençons toujours a lire le livre de « Devarim » (Deutéronome) le shabbat qui précède « Ticha BeAv » (le 9 du mois de Av).
Il y a par conséquent un lien entre la semaine de deuil de « Ticha BeAv » et notre Parasha. 

La faute due a la médisance concernant la Terre d’Israël de la part des explorateurs, est centrale dans cette Parasha. 
Nous savons que ceux-ci ont fait leur rapport sur l’expédition de quarante jours en Terre Sainte, le 9 Av. 
Et c’est ce jour que le peuple se plaint amèrement en disant: « C’est par haine pour nous que D-ieu nous a fait sortir de l’Égypte ! C’est pour nous livrer au pouvoir de l’Amoreen, pour nous anéantir ! » (Deut.1:27)

D-ieu dit au peuple: Vous avez pleuré sans raison cette nuit du 9 Av: ce sera une nuit de lamentations et de pleurs pour vos générations futures. 

Ainsi les descendants lointains de la génération du désert, par les larmes qu’ils verseront et les lamentations qu’ils feront entendre sur Sion, répareront la faute de leurs ancêtres. 

La destruction du premier Temple qui s’est produite sous le règne de Sédécias, le 9 Av de l’an 3388, a été la conséquence de trois fautes graves, commises par les juifs de l’époque, a savoir: l’idolâtrie, la débauche et le meurtre.

Lorsque le 1er Temple fut détruit, les groupes de jeunes « Cohanim » (Prêtres) se rassemblèrent sur le toit du Temple tenant dans leurs mains les clefs du Temple, et s’adressant a D-ieu s’écrièrent:
Maître du Monde ! puisque nous n’avons pu être jusqu’à la fin des gardiens fidèles de ton Sanctuaire, c’est a Toi que nous rendons les clefs ! et d’un geste ils lancèrent les clefs en l’air.
Ils eurent la vision d’une main qui accueillit les clefs la-haut; puis ils se précipitèrent dans le brasier du Temple, ne voulant pas survivre a cette vision d’horreur.

La destruction du second Temple a eu lieu a l’époque de Rabbi Yohanan ben Zaccai en l’an 3828 (an 68 avant notre ère).
Cette génération était pourtant une génération qui étudiait la Thora et faisait les « Mitsvot » (commandements) en apparence tout allait bien, mais le mal était plus pernicieux: l’harmonie ne régnait pas parmi les différentes fractions religieuses.
Et ce fut en raison de la « haine gratuite » qu’ils éprouvaient les uns pour les autres que fut détruit le second Temple.
Les juifs de l’époque croyaient détenir la vérité, ils considéraient les autres fractions du peuple comme étant dans l’erreur et ne méritant de leur part que mépris.  

Les sages nous ont ordonné: celui qui n’a pas mérité de voir la reconstruction du Temple de son vivant, doit se considérer comme s’il avait lui même assisté a sa destruction.
Nous avons le devoir de rappeler notre malheur celui de la perte de Jérusalem et de son Temple durant toute l’année, lors de toute manifestation de joie. 
C’est la raison pour laquelle on casse un verre sous la « Khouppa » (Dais Nuptial) après les 7 bénédictions du mariage: pour que notre joie ne soit pas exempte d’un pincement de cœur.

Et si nous prospérons au sein de notre exil, et en arrivons a ne plus regretter notre terre, Jérusalem et son Temple, D-ieu ne manque pas de nous remettre sur les routes de l’exil.

Combien de malheurs nous ont frappés a cette même date au cours des 20 siècles de « Galout » (exil) !
L’un des plus terribles a été, en l’an 5282, l’expulsion des juifs d’Épargne, par l’ordre du Roi Ferdinand de Castille.
Ainsi en avait décrété ce tyran impitoyable: le 31 juillet 1492, aucun juif ne devait plus se trouver sur le territoire de l’ Épargne. Il accorda ensuite un délai supplémentaire de deux jours (qui s’acheva le 2 août 1492): ce jour fatal fut le 9 Av et ce jour même: « Toutes les légions de l’Éternel sortirent d’Épargne ».
Or ils furent livrés a la captivité, a la mort, au pillage de tous leurs biens, aux flots de la mer, aux bêtes sauvages, a deux et a quatre pattes.  

Le premier Temple a été reconstruit après 70 ans, car les juifs ont su prendre conscience de leurs fautes, et ont fait « Techouva ». Quand au second nous n’avons pas encore suffisamment pris conscience de cette faute pernicieuse qu’est « la haine gratuite ». 
Nous voyons toujours au sein de notre peuple ces « haines gratuites » entre clans; les ‘Haredim » contre les « Sionistes » et réciproquement, les différents « Hassidim » entre eux et les « humanistes » contre les « religieux », et réciproquement.
Chacun des courants détient une part de vérité, mais aucun ne peut revendiquer de détenir la vérité absolue. 
Nous devons nous identifier avec tout ce qui est positif a chaque courant de pensée, chacun selon ses dispositions générales, son environnement, son éducation. 

Chaque personne doit se développer dans le milieu qui lui convient le mieux, en fonction de son tempérament. 
Chaque personne et chaque groupe ont des comportements différents, mais le but est le même: atteindre la paix et la plénitude de la personne.
Dans un certain milieu, on peut aborder le service de D-ieu d’une façon particulière et autrement ailleurs.
Mais en tout cas, pour que la plénitude soit atteinte, il est nécessaire d’apprendre les uns des autres. On ne doit rejeter a priori aucune approche. Il y a mille et une façons d’agir envers D-ieu. 

La vérité absolue n’est pas saisissable par l’homme en ce monde, D-ieu seul la détient, l’homme doit se contenter d’une vérité partielle et de ce fait incomplète.
Chacun de nous ne détient-t-il pas en son for intérieur une part de vérité?  

Comme Jacob a béni séparément chacun de ses douze fils, Moise en a fait de même sur chacune des tribus, chacun doit pouvoir s’exprimer, selon ses particularités.
Telle une machine qui fonctionne grâce aux multiples pièces qui la constitue, toutes différentes mais complémentaires. Les différents courants de pensées au sein de notre peuple doivent se reconnaître, et travailler ensemble a l’avènement du Messie.
C’est seulement par l’acceptation de la vérité d’autrui que la vérité sublime pourra être atteinte et que la « Chekhina » (présence Divine) viendra résider sur le Temple reconstruit.

Des lors, le seul moyen dont nous disposions pour reconstruire le Temple, c’est de faire de gros efforts sur nous-même, et d’aimer tous les juifs, et d’agir a leur égards avec bonté; même avec ceux qui nous repoussent, ou ceux qui ont un mode de vie et des opinions a l’extrême opposés des nôtres.

Ainsi, chacun de nous a en soi, a portée de main, les clefs qui permettent de reconstruire le troisième et dernier Temple.
Comme il est dit: « Et ils me construiront un sanctuaire, pour que je réside au milieu d’eux. » (Ex.25:8) Ce verset associe la construction du Temple a la résidence de D-ieu a l’intérieur de chaque juif. 
Ceci indique par conséquent que nous devons au préalable nous corriger nous mêmes.
Lorsque cela sera fait, la rédemption finale et la reconstruction du Temple suivront aussitôt. Puisse-cela se faire au plus vite et de nos jours. Amen ! 

Base sur: Sepher Hatodaah de Eliaou Ki Tov . 
Mikhtav me Eliaou du Rav E.Dessler.
Un pont tres étroit de la pensee du Rabbi Na’hmane de Breslav.
Le verger de Joel du Rav Chlomo Aviner.

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