Yom-Kipour

YOM KIPPOUR

  • La « Techouva » ou comment changer ses fautes en mérites

« Yom Kippour » (jour des expiations) est le jour du verdict du jugement qui a commencé a « Roch HaChana » (tête de l’année) ou trois livres avaient été ouverts. En ce jour notre sort est définitivement inscrit, c’est pourquoi nous nous présentons devant D-ieu en jeûnant et en implorant sa miséricorde.

Nos maîtres nous ont dit que la seule chose susceptible de faire pencher la balance du bon coté, c’est la « Techouva » (repentir).
Nous allons donc essayer de creuser cette notion complexe qu’est la « Techouva ». 

 

LA « TECHOUVA » RETOUR ET RÉPONSE

Le sens premier de la « Techouva » est l’idée de retour, retour a D-ieu ou a la foi juive; ainsi que « se retourner », se détourner d’une orientation de vie pour en choisir une autre.
C’est le moment ou l’on décide de faire volte-face, de changer le sens de sa vie, de renoncer aux objectifs que l’on a poursuivis jusque la pour s’orienter vers le désir de s’approcher de D-ieu.
Au terme de ce processus, on aura d’une part abandonné, rejeté le passé et, d’autre part, résolu et pris sur soi d’agir différemment dans l’avenir.

Le temps est apparemment linéaire et irréversible. La « Techouva » implique cependant la possibilité de changer le passé: elle possède cette dimension exceptionnelle d’être au-delà du temps et de l’inexorable enchaînement des relations de cause a effet.
Au plan de la liberté, la « Techouva » manifeste que l’homme peut se dégager a la fois de son passé et de la causalité, elle lui permet en effet de briser l’immuabilité du déterminisme.

Le mot « Techouva » signifie également « réponse ». La « Techouva » implique également l’espoir d’une réponse: on attend de D-ieu qu’il confirme que cette voie est vraiment la bonne.
Tant que l’acte de la « Techouva » persiste, persiste également la quête, l’effort de l’âme pour obtenir de D-ieu cette réponse:« J’ai pardonné »(Nomb.14:20); mot clé qui lui confirme que c’est bien ainsi qu’elle doit agir.
Quand le « Baal Techouva » aura médité et aura analysé le chemin qu’il a suivi, il saura alors qu’il est sur la bonne voie. 

 

RÉVOLUTION PERMANENTE

L’essence de la « Techouva », n’est pas dans tel ou tel acte précis, isolé, mais dans le processus de l’espérance. Car il n’y a point de réponse permanente et définitive, la « Techouva » est un processus graduel: ce n’est pas un acte ponctuel mais un processus permanent.

Dans le judaïsme, la sérénité ou le sentiment de perfection ne sont guère perçus comme un idéal. Car dire « je suis arrivé », c’est déjà, en soi, nier toute possibilité d’aller plus loin.
En fait, l’homme qui est en train d’accomplir sa « Techouva », perçoit tout au contraire, au fur et a mesure qu’il s’approche de D-ieu, combien il en est réellement éloigné!

Ainsi la « réponse » que la « Techouva » apporte, n’est pas un sentiment de sérénité, de perfection ou d’accomplissement: la « réponse » est seulement une main tendue pour nous aider a poursuivre notre effort.

La « Techouva » constitue une tentative pour changer le monde et tous les mondes, par le biais notamment de la transmutation du passé.
Pour une telle entreprise, il faut que l’homme sorte des limites ordinaires de son Moi.

La « Techouva » exige davantage qu’une aspiration ou un désir; dans un certain sens elle passe par un certain sentiment de désespoir. C’est seulement ce sentiment et paradoxalement, la faute qui l’a engendré, qui peut permettre a l’homme de dépasser ses limites.

Il ne s’agit cependant la que du début du processus de la « Techouva », et non encore de son achèvement que l’on appellera « Tikoun »: la réparation pleine et entière du passé.

La « Techouva » sera parfaite, le « Tikoun » pleinement réalisé, seulement lorsque la signification des actes accomplis jadis aura été radicalement modifiée.
Pour y parvenir, il faut d’abord procéder a un rééquilibrage fondamental.
Pour réparer tel ou tel élément de son passé, il faudra que l’homme qui fait « Techouva » en fasse plus, dans ce domaine, que les autres hommes. 

 

CHANGER LE MAL EN BIEN

Mais le sommet de la « Techouva », son véritable accomplissement c’est bien davantage que de contrebalancer le mal par le bien: c’est corriger et réparer l’essence même de la faute jusqu’à parvenir en ce point ou, selon le Talmud,« les fautes deviennent des mérites »(Yom.86b)

Et ceci peut être atteint, lorsque la conscience de la faute devient l’élément moteur d’une incomparable soif d’absolu.
Ainsi on aboutira a ce paradoxe qui est l’essence même de la « Techouva »: du mal, va naître le bien.
Plus l’homme était enfoncé dans le mal, plus grands seront désormais sa soif et son désir de bien.
A ce stade, la conscience du manque cesse de ruiner l’image que l’homme a de soi et d’amoindrir son énergie, elle le stimule au contraire et le pousse a s’élever.

Le véritable « Tikoun » n’est atteint que dans la mesure ou les fautes passées ne sont plus source de mépris pour soi-même, mais deviennent un facteur de stimulation.
Non seulement les forces du mal qui se nourrissaient de l’homme ne peuvent plus le faire et, réciproquement son être, lui, ne se nourrit plus de la substance de ses fautes passées, mais bien plus, c’est comme si l’homme contraignait ces forces a agir dans le sens du bien!

C’est ainsi que la « Techouva » change la nature même du mal pour aboutir a son stade ultime: la réparation cosmique. 

 

LA « TECHOUVA »: LE TIKOUN DU MONDE

D-ieu a créé le monde dans un état aussi bas que possible celui du « Tohu Bohu ».
De même, l’humanité n’a pas été d’emblée façonnée « parfaite ». En contre partie, l’univers humain a en lui une force ascensionnelle considérable qui lui permet de s’amender et de s’améliorer constamment.
Ainsi, progressant sans cesse, le monde lui-même est « Baal Techouva ».

Or tout ce que D-ieu a créé, doit être fait ou parfait par nous.
Il a créé un monde « parfait-en-devenir » un monde dont la finalité est d’atteindre les stades ultimes de la perfection, a travers l’être humain, justement.
D-ieu est sans cesse en train de créer le monde a un niveau toujours plus élevé et de le parfaire a travers nous.

La « Techouva » est une énergie universelle qui fait progresser les mondes et progresser l’homme.
Il ne s’agit pas seulement d’un processus personnel et individuel: le « Baal Techouva » s’accroche directement aux forces ascensionnelles qui existent dans le monde.

La, ce n’est plus seulement l’homme qui « fait retour »; en restaurant les étincelles de sainteté captives du mal, il les transforme, les élèves avec lui et change ainsi l’état du monde en même temps.
Voila pourquoi les sages du Talmud disent que« la ou se situe l’homme qui fait « Techouva », même les « Tsadikim » (justes parfaits) ne sauraient se tenir » (Ber.34b); c’est que non seulement un tel homme sait intégralement utiliser les forces du bien qui existent en lui-même et dans le monde, mais il a également réussi a changer le sens des forces du mal et a en faire des vecteurs du bien et de la sainteté.

Base sur: Le chandelier d’or Josy Eisenberg et du Rav Adin Steinsaltz
Le verger de Joël du Rav Chlomo Aviner

Voir aussi sur ce sujet la parasha Ahare Mot

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