Lag-BaOmer

  • Rabbi Shimon Bar Yohai et la Kabbale


33 eme jour de l »Omère, est le « Yom Hilloula » (anniversaire de décès) de l’illustre Rabbi Shimon Bar Yohai « Tana » (répétiteur) du 2ème siècle de notre ère, auteur présumé ou tout au moins inspirateur du « Sepher HaZohar », (Le livre de splendeur), l’ouvrage le plus important de la littérature cabalistique.
Cette journée est fêtée par des danses, des feux de joies et l’occasion d’un pèlerinage a Har-Meron en Galilée (Israël) ou se trouve la tombe de Rabbi Shimon Bar Yokhai et de son fils Rabbi Eleazar.

LE LIVRE DE SPLENDEUR

Le « Zohar » est rédigé en Araméen archaïque (langue sémitique apparentée a l’hébreu).
il est essentiellement un commentaire du Pentateuque; le commentaire du « Sepher Bereshit » (Genèse) occupe a lui seul la moitié de l’ouvrage il est composé de 3 fois 300 folios, ou 3314 pages dans la traduction Française.

Le « Zohar » est construit a la manière du « Talmud » et du vieux « Midrach », articulant des exposés de plusieurs Rabbis, des entretiens ou chaque interlocuteur rapporte un avis; des enseignements suivis de discussions entre maître et disciples, des récits de type « Hagadique » ou merveilleux, rencontres bouleversantes, interventions inattendues se succèdent.
Les paroles de ces Rabbis sont surtout échangées en chemin, a l’occasion de voyages. Les compagnons d’étude sont ici des compagnons de route.
Alors que le « Talmud » correspond a la posture de l’homme assis (l’ecole Talmudique se dit « Yeshiva » qui veut dire assis), le lecteur du « Zohar » est invite a prendre celle du voyageur, l’homme en marche.

Le « Zohar » nous pressente les personnages et les événements que nous décrit la Thora comme ayant une signification ésotérique, et dévoile a partir de ceux-ci une vie supérieure, divine et sainte. Ceux-ci sont donc des doubles d’entités spirituelles, le « Zohar » ne nie pas le « Pshat » réalité historique des récits de la Thora; les personnages et les histoires rapportés dans la Thora ont bel et bien existé, ils ne sont pas de simples reflets; ils se sont élevés par leurs mérites a cet état de transparence qui permet de voir a travers eux le plan supérieur de la vie divine, d’assister, en les observant, au spectacle des lumières émanées de l’infini.

LA KABBALE

Le mot kabbale vient du mot « Kabalah » derivé du verbe « LeKabel » (recevoir) . Elle est parallèlement acceptation de la révélation, car le juif « Mekabel » (l’accepte) comme un don de D-ieu. Le seul mot « Kabala » exprime déjà la double démarche de D-ieu se penchant vers l’homme et de l’homme s’élevant vers D-ieu, ce double geste qu’un seul mot résume: Amour.
L’adverbe « Kabal » se traduit par : vis-a-vis, en présence de. Ce qui est reçu, ce en face de quoi on est en présence c’est la Sagesse d’en-haut.

Cette Sagesse est cette loi orale que Moise « Kibel » a reçu sur le Mont Sinaï en même temps que la loi écrite.

Extérieurement le kabbaliste ne se distingue en rien des autres juifs de la Communauté d’Israël; il dit les mêmes prières, effectue les mêmes rites; mais, sa faculté de percevoir le Créateur, grâce a son initiation kabbalistique, confère un sens plus pur a ces prières et a ces rites que celui du commun.
Il élève et réunit ainsi a sa source, non seulement son âme, mais aussi par son intermédiaire, l’ensemble du peuple juif et le monde entier.

Il n’y a pas un seul verset de la Thora quelque insignifiant qu’il paraisse au premier abord qui ne renferme plusieurs sentiers conduisant au mystère de la Sagesse suprême.
Le sens est dans les mots, et plus on pénétré a l’intérieur du mot, plus on trouve de sens. Celui-ci se dégage des mots même, parfois il faut l’en arracher comme le métal du minerai; et c’est ce que font les Kabbalistes, ils font éclater le texte au-delà de sa formulation littérale.

Dans la kabbale, le monde sensible et le monde suprasensible ne sont pas deux univers séparés, il n’y a pas d’abîmes entre le ciel et la terre, mais tout dérive d’un même point et appartient a la même réalité.
Au sein des fondements de la matière inanimée, au cœur du feu, de l’air, de l’eau, de la terre, luit un rayon émané de la lumière divine, scintille une étincelle qui n’est pas séparée de sa source d’en haut mais est reliée a elle par tout un réseau de correspondance, d’enchaînements complexes, de connections multiples.

Alors que le D_ieu des philosophes parait apathique et impassible (sans passion), le D_ieu des kabbalistes est sympathique. Cette structure passionnelle et active en D-ieu est révélée sous la forme des « Sephirot » (Voir elles sont les passions parfaites, parties intégrantes de la pensée divine).

L’HOMME PIVOT DES MONDES

Il n’est pas question ici d’expliquer ce qu’est la kabbale, ni de faire une étude Kabbalistique, néanmoins nous pouvons essayer de dégager certaines grandes lignes de ce que l’étude de la kabbale essaye de communiquer a son « Talmid » (Étudiant)
La kabbale souligne que nos sens ne sont pas en mesure de percevoir le monde spirituel qui nous entoure, et que notre univers est une infime partie d’un système complexe, et notre monde en est le centre. elle nous apprend un langage qui nous permette de ressentir et de communiquer avec ce monde spirituel.

L’attrait pour la kabbale est lié au fait que les hommes se cherchent ils essayent de comprendre le but de leur vie sur terre, ou ils vont et d’où ils viennent, ou se trouve la source de leur origine. C’est donc essentiellement une recherche de soi-même qui conduit a cette nécessité de chercher la source de vie. La kabbale permet l’étude des actions divines, par cette connaissance l’homme peut se rapprocher de D-ieu, et ainsi est de plus en plus apte a ressentir ce qu’il étudie.

L’homme a été la dernière des créations de D-ieu, il récapitule en lui l’ensemble des forces de l’univers; des échantillons de chaque monde de chacun des innombrables mondes inférieurs et supérieurs, se retrouvent dans la substance de l’humain.
L’homme est intimement lié a l’univers: chacun de ses membres et de ses organes correspond a l’un des mondes et a une des forces. En agissant, il n’agit pas seulement sur lui-même et son entourage immédiat, mais il exerce une influence cosmique d’une universelle efficacité.

Quand l’homme par l’intermédiaire de ses organes met en pratique l’un des quelconques six cent treize préceptes, il agit en même temps sur la force du monde supérieur correspondante a cet organe, lui accordant ainsi un surplus de lumière et de sainteté.

C’est par la domination du corps, microcosme qui récapitule en lui l’ensemble des mondes, que l’âme exerce son influence sur les mondes supérieurs. D’où l’importance capitale de la pratique des « Mitsvot » (commandements) et de l’étude de la Thora qui sont le moyen adéquat pour éveiller l’épanchement de l’influx divin a travers l’ensemble des mondes.

A QUI S’ADRESSE LA KABBALE

Le Chafetz Chaiim a dit: qu’il n’y a pas de restrictions en ce qui concerne l’étude du Zohar… et le Gaon de Vilna a été jusqu’à dire que la rédemption et la venue du Messie ne dépendent que de l’apprentissage de la kabbale (Even Schlema » 11:13)

Cependant l’étude de la Thora ne se justifie que dans l’observance de celle-ci. L’étude n’a de sens que dans la mesure ou elle devient une meilleure compréhension de la pratique religieuse. Toute pensée ne vaut que par sa mise en œuvre dans le rite.

L’étude et la prière, indissociablement liées, forment pour la kabbale une seule voie. La doctrine kabbalistique ne se comprend que dans la mesure ou elle est vécue a travers les préceptes de la Loi, et c’est justement en cela qu’elle est kabbalistique et non philosophique ou théologique.
Sa connaissance de D-ieu n’a de sens qu’au mode actif, en tant que démarche vécue; compris comme le résultat de cette démarche il n’est plus kabbale, mais « science extérieure ».

La raison de l’interdit de divulguer les techniques kabbalistiques est que trop de charlatans ont détourné ces techniques pour leur propre profit, en pratiquant envoûtements, prophétisé, abusant ainsi la confiance d’autrui. Les secrets de la Thora ne peuvent êtres enseignés qu’a des juifs pieux craignant et respectant D-ieu.

Certaines règles pratiques telles que: recettes de préparation a la contemplation, technique de prière, qui sont en fait le cœur de la kabbale, ne doivent pas être mises entre les mains de non juifs inaptes ou de juifs insuffisamment préparés, car ces techniques appliquées en dehors du contexte religieux du judaïsme risqueraient de devenir une simple mécanique. Voila le danger. Peu importe en effet que des procédés d’exégèse comme la « Guematria » (science des nombres) détachés de leur fondement juif, tournent a vide, ils ne peuvent faire de mal a personne, mais il n’en est pas de même des techniques de prière.

Vivre l’histoire d’Israël a travers les rites et le culte c’est a la fois mener une existence de Justes et retrouver en soi le monde sephirotique. En ce sens l’observance rejoint l’imitation de D-ieu. Il n’en est pas autrement de la doctrine. Extraite sans précautions de son contexte religieux, la kabbale peut passer pour un traité d’algèbre spirituelle mais, dans l’esprit du judaïsme, cette algèbre n’a de sens qu’en tant que caution intellectuelle et tremplin moral du sentiment religieux. Pour le plus légaliste et pour le plus philosophe des kabbalistes, la valeur centrale de la kabbale demeure la « Devekout » (adhésion a D-ieu).

La kabbale s’adresse au juif pieux et elle exige d’être vécue elle n’est pas seulement technique ou art de penser, métaphysique ou exégèse; elle ne veut être ni système philosophique logique ni une éthique, idéale mais hors de portée quotidienne. Elle est avant tout un mode de vie spirituelle; elle réclame de chacun de faire le « Tikoun » (réparation) selon ses propres moyens, sans se soustraire aux nécessites de la vie.
La méditation kabbalistique authentique nécessite d’intégrer l’esprit de la kabbale a sa vie même. Elle est donc beaucoup plus qu’une construction spéculative de l’esprit: c’est réellement une démarche de vie.

Base sur: L’année juive de Eliahou Kitov
Préfaces du Zohar de Charles Mopsik
L’âme de vie Rabbi Hayim de Volozhyn
Rabbi Shimon Bar Yokhai et la kabbale de Guy Casaril

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