Chelah-Lekha

(Nombres 13:1 – 25:41)

  • Et si « l’Allia » m’était contée


Notre Parasha est celle des explorateurs, les conséquences de leur rapport ont été des plus funestes pour le peuple: le rejet de la terre d’Israël que D-ieu leur offrait leur a valu d’errer dans le désert quarante années, le temps que toute cette génération y disparaisse.
Comment se fait-il qu’il y ait une telle réticence du peuple à prendre possession de la terre que D-ieu lui offre ? 

DES NOMS RÉVÉLATEURS

Les noms des géants que les explorateurs ont cité afin d’effrayer le peuple peuvent nous révéler les raisons de ces réticences:

Ils (les 12 explorateurs) s’acheminèrent du cote du midi, et l’on (Calev qui a dit du bien de la terre, était le seul qui:) parvint jusqu’à Hébron, (il se recueillit sur la tombe des patriarches.) ou demeuraient Ahiman, Chechai et Talmai descendants d’Anak (Géants). (Nom.13:22)

Analysons les noms de ces trois (charmants) personnages:
Akhiman: veut dire: doué, Il se nommait ainsi du fait de son intelligence et son habilité hors du commun.
Chechai: veut dire casser, il était tellement terrible qu’il détruisait tout sur son passage.
Talmai: veut dire (creuser) des sillons, il était tellement fort et lourd que lorsqu’il marchait, il ne levait pas les pieds et de ce fait creusait des sillons sur son passage.

Mais était-ce une raison suffisante pour ne pas vouloir prendre possession de la terre ? Pouvaient-ils douter que D-ieu était plus puissant que ces trois compères, après les miracles auxquels ils avaient assisté à leur sortie d’Égypte ?

En fait ce qui leur a fait peur, c’est qu’ils se sont dit que lorsqu’ils auraient pris possession de la terre Israël, ils risqueraient fort de ressembler eux aussi à ces brutes épaisses.
Alors que dans le désert, ils ne faisaient qu’étudier la Thora, ils se nourrissaient de la « Manne » nourriture spirituelle, ils s’abreuvaient aux puits miraculeux de Miriam, leurs vêtements ne s’usaient point; ils n’avaient somme toute aucun souci matériel.
Ils comprirent que cette vie idyllique cesserait des le moment ou ils entreraient en terre Israël. La il leur faudrait alors affronter la réalité d’un Etat: le gérer, le défendre et cultiver ses terres.

Ils ont vu en Akhiman l’habile qu’il leur faudrait avoir un système politique et social
Dans la personne de Chechai le destructeur, ils ont réalisé qu’il leur faudrait une armée pour se défendre.
Et dans Talmai celui qui creuse des sillons, qu’ils devront s’occuper d’agriculture et établir un système économique.

Certes, à première vue, tout semblait favorable et propice dans la terre promise, mais la perspective d’un combat à mener, d’une terre à défricher, la nécessite de bâtir, de tout créer à partir de rien, leur faisait peur, et peut-être avaient ils aussi des scrupules vis-à-vis des autres habitants. 

RETOUR A LA DIMENSION HISTORIQUE

Seuls Caleb et Josué n’ont pas douté de leur capacité d’affronter ces difficultés; mais d’ou puisaient-t-ils ce courage et cette conviction ?

Nous avons déjà noté que Calev s’était rendu à Hébron sur la tombe des patriarches, Mais en quoi ce lieu ou se trouvaient justement ces géants a-t-il pu lui donner courage et force ?

A Hébron, on retrouve le lien qui unit notre peuple à sa terre, c’est la ou se trouvent nos racines.
Se recueillir sur les sépultures de nos pères nous rappelle la promesse que D-ieu leur a faite: que cette terre il la leur donnait à eux et à leur descendance à tout jamais.
Pour nous rappeler aussi, qu’avant leur départ pour l’Égypte, ou ils ont prolongé leur séjour malgré eux, nos ancêtres habitaient déjà le pays.
En prenant conscience de cela, nous ne sommes plus des lors des conquérants ou des colonialistes; non nous ne faisons que reprendre possession de notre bien.
Ainsi nous ne sommes plus assaillis par des doutes, sur notre bon droit à vivre sur notre terre. 

LA DIMENSION RELIGIEUSE

Yoshoua (Josué) quant à lui n’a pas été à Hébron, mais la force qui l’animait était d’ordre religieux il connaissait bien les commandements Divin car il a été l’élève de Moise, il comprenait sans peine que la terre Israël est une donnée fondamentale dans l’accomplissement véritable de la Thora.
Son premier nom était: hochea, qui commençait par la lettre « He » ; après que Moise lui ait transmis son enseignement, il lui a ajouté à son nom la lettre « Ioud » et ainsi il se nomma Yoshoua.
Grâce à l’enseignement qu’il a reçu de Moise, il a pu ajouter à la dimension matérielle contenue dans la lettre « He » la dimension spirituelle contenue dans la lettre « Ioud » ainsi ces deux lettres « Ioud » « He » premières lettres du tétragramme, offraient à Yoshoua la protection Divine; car ce nom veut dire: D-ieu te protègera, il était des lors paré d’une indestructible confiance en D-ieu. 

NOTRE GENERATION FACE AUX MEMES DILEMMES

Notre génération a elle aussi pu assister aux miracles de la création de l’État Israël. Le fait que quelques rescapés de la « Shoa » sans forces, quasiment sans armes aient pu repousser sept armées arabes pourtant bien armées et très déterminées à écraser cet embryon d’État est de l’ordre du miracle.
Tous les soldats Israéliens, même les moins croyants, avouent avoir été témoins de miracles pendant la guerre de six jours.
Toutes les agressions militaires à l’encontre Israël se sont terminées par de cuisants échecs de la part des assaillants, alors que l’État Israël était porté perdant.

Il est clair que notre exil touche à sa fin; D-ieu veut que nous reprenions possession de notre terre.
La Parasha des explorateurs nous concerne au plus haut point: non, ce ne sont pas de vieilles légendes que la Thora nous comte, c’est un récit dans lequel nous devons nous identifier. Ouvrons les yeux sur nous mêmes, ne sommes nous pas comme ce peuple réticent aux difficultés que représente « l’Allia » (Émigration en Israël) n’avons-nous pas nous aussi ce manque de « Emouna » (confiance en D-ieu)?

Quoi Nous ? disons-nous: Le peuple du livre, intellectuels avisés, moralisateurs critiques des sociétés, porte-parole des droits de l’homme, Nous ? nous prendrions des armes ? ferions les policiers ?
Nous juifs pouvons-nous participer activement à une société capitaliste dont nous serions responsables, et baigner dans la politique non en tant que critiques mais en temps qu’acteurs?
Tel était exactement le discours des explorateurs, discours très puissant qui a réussi à faire dire au peuple: « Certes, il vaut mieux pour nous retourner en Egypte ». (Nom.14:3) 

COMMENT NE PAS SE LAISSER DÉCOURAGER

Face à ce discours, il n’y a que la méthode de Josué ou celle de Calev qui peuvent résister.

La méthode de Calev consiste à se renforcer en ayant une vue d’ensemble de l’histoire de notre peuple, à se souvenir que nos ancêtres ont reçu et vécu sur cette terre, que notre exil n’est pas définitif, il n’est qu’un temporaire qui n’a que trop duré.
En examinant l’histoire de notre exil, nous pouvons prendre conscience à quel point, même lorsque nous nous croyons être en sécurité dans un pays d’accueil, cette sécurité est précaire. On l’a vu dans l’affaire Dreyfus; dans le retournement des autochtones de tous pays au cours de la dernière guerre mondiale, et encore à l’heure actuelle, on peut sentir l’antisémitisme latent au coin de sa rue.

Quant à la méthode de Josué, c’est la « Emouna » de mettre sa confiance en D-ieu et de se jeter à l’eau, et vous pouvez être sur que la mer de difficultés liées à « l’Allia » va se fendre telle la Mer Rouge au-devant des « Bney Israël » et qu’elle engloutira ces masses de problèmes qui vous paraissaient si insurmontables.
Si vous optez pour la méthode de Josué, vous verrez comme lui les murailles de Jéricho s’effondrer après quelques efforts.

Base sur: Un cours de Elie Kling

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