Ki-Tissa

(Exode 30:11 – 34:35)

Thora de feu, Thora d’eau


Lorsque Moise redescendit du « Har Sinaï » (Mont Sinaï) avec à la main les deux tables de la loi ouvrage de D-ieu (ex 32-15) sa colère s’enflamma à la vue du veau d’or, et il jeta de ses mains les tables et les brisa au pied de la montagne. (ex 32-20)
Comment concevoir que Moise ait fait cela de sa propre initiative et que D-ieu non seulement ne lui en tient pas rigueur mais semble approuver cet acte, puisque il est dit peu après:
Le Seigneur dit à Moise: Taille toi même deux tables de pierre semblables aux précédentes; et je graverai sur ces tables les paroles qui étaient sur les premières tables, que tu as brisées. (ex 34-1)

THORA « CÉLESTE » POUR CŒUR « TERRESTRE »

Les différences qui séparent les deux sortes de tables reflètent les deux manières dont la Thora a été donnée.
Les premières tables venaient entièrement du ciel, le matériau et l’écriture.
La pierre de ces tables symbolisait le cœur d’Israël sur lequel les paroles de la Thora doivent être gravées.
Dans la mesure ou la pierre, elle aussi, vient du ciel, nous sommes dans une situation ou la Thora est donnée à un cœur déjà purifié et déjà libéré du « Yetser HaRa » (mauvais penchant).
Cette situation correspond au niveau du « Gan Éden » (paradis) ou la relation entre D-ieu est l’homme était très proche et très intense. Pour cela, Israël doit se maintenir à un niveau de stricte justice.

Les secondes tables, en revanche, ont été taillées par Moise. L’écriture était celle de D-ieu, mais le matériau venait de la terre.
La manière dont elles ont été confectionnées est le reflet de la situation qui a suivi le pêché du veau d’or. Il fallait désormais graver la Thora « céleste » sur des cœurs « terrestres » qui avaient cessé d’être purs.

Quel est la différence fondamentale entre les tables d’avant la faute du veau d’or et celles d’après ?

THORA DE FEU

Les premières tables contenaient les dix commandements, l’idée principale était que cette loi faciliterait le développement d’Israël en une nation sainte, comme il est dit « Maintenant, si vous écoutez ma voix, et si vous gardez mon alliance, vous m’appartiendrez entre tous les peuples, car toute la terre est à moi; vous serez pour moi une nation de prêtres et une nation sainte. » (ex 19-5)
Israël a accepté les premières tables qui étaient le symbole matériel de cette alliance.
Les dix commandements qui y étaient inscrits appartiennent à la « Midat HaDin » (attribut de la justice rigoureuse). Cet attribut implique une rétribution immédiate en fonction de nos actes.
A savoir que celui qui pêché est puni sur le champ, et celui qui fait une Mitsva est récompensé sur place.

Suite au pêché du veau d’or Dieu veut faire périr tout le peuple: « Maintenant laisse-moi; ma colère va s’enflammer contre eux, et je les consumerai. » (ex 32-10) en accord précisément avec les conditions stipulées dans cette alliance, que la punition soit immédiate.
Moise s’est interposé et a demande à D-ieu de ne pas appliquer la « Midat HaDin »: « Reviens de l’ardeur de ta colère, » (ex 32-11), mais au contraire d’user de la « Midat HaRahamim » (clémence): « et repens-toi du mal que tu veux faire à ton peuple. » (ex 32-12)
Mais cela impliquait l’annulation de l’alliance inscrite sur les premières tables de la loi.
Et c’est pourquoi Moise a cassé ces tables qui en étaient le symbole.

En l’absence d’alliance, ceci a eu comme conséquence le retrait de la « Chekhina » (présence divine) D-ieu décide alors de la remplacer par un ange, comme c’est le cas pour toutes les autres nations:
« J’enverrai devant toi un ange » (ex 33-2) et « Moise lui dit: Si tu ne marches pas toi-même avec nous, ne nous fais point partir d’ici. »
(ex 33-15)
Ce que Moise demande la: c’est une nouvelle alliance, basée celle ci sur la « Midat HaRahamim » qui permettrait a la « Chékhina » de continuer à rester auprès des « Bnei Israël », même en cas d’imperfection de leur part sans que soit maintenue toutefois une punition immédiate, que la « Midat HaDin » requerrait.

THORA D’EAU

Et c’est en réponse à cette demande que Dieu a écrit une nouvelle alliance basée cette fois sur les treize attributs de miséricorde: « Éternel, Éternel, Dieu clément, miséricordieux, lent a la colère, riche en bonté et en fidélité, qui conserve son amour jusqu’à la millième génération; qui pardonne la faute, la rébellion et le pêché, mais qui ne tient point le coupable pour innocent; il se souvient de la faute des pères sur les fils, et sur les petits fils, jusqu’à la troisième et a la quatrième génération ! » (ex 34-6)
Les nouvelles tables taillée par Moise sont le symbole de cette nouvelle alliance basée sur ces attributs de clémence « Midat HaRahamim ».
Si l’on fait le parallèle de chacun de ces attributs avec les dix commandements inscrits sur les premières lois, on voit clairement ce contraste de « Midat HaRahamim » et de « Midat HaDin ».

UN MONDE PLUS COMPLEXE

Même le dernier attribut cité « il se souvient de la faute des pères … » est un attribut de clémence: le verbe « poked » (se souvient) se retrouve dans la phrase « L’Eternel se souvint (« poked ») de Sara pour la rendre féconde et lui donner une postérité.
De même D-ieu se souvient des fautes des pères pour les effacer grâce à la « Pkida », c’est-a-dire la fécondation qui donne naissance a la postérité.
La Thora exprime ici sous une forme cachée l’idée que l’âme pécheresse si elle fait « Téchouva » (se repent de ses fautes) peut se purifier au cours de réincarnations successives dans la chaîne des générations, jusqu’à trois ou quatre fois.

Cette nouvelle alliance de « Midat HaRahamim » a certes des avantages, car la punition n’est pas immédiate, cela ouvre les portes à la « Téchouva » (repentir).
Mais cela a comme conséquence que la perception de D-ieu dans le monde est moins claire, alors que l’alliance de la « Midat HaDin » permettait une relation de « panim el panim » (face a face): « et l’Éternel parlait a Moise face a face » (ex 33-11)
Cette clarté est, des lors, même pour Moise voilée, comme il est dit « et tu me verras par derrière; mais ma face ne peut être vue. » (ex 33-23)
Les voies de la justice sont devenues beaucoup plus complexes; ce qui peut des lors susciter des situations en apparence injustes, comme « Tsadik ve Rha lo Racha ve Tov lo »: le Juste qui souffre et le méchant qui prospère.

Basé sur: Un cours du Rav Menachem Leibtag ;
Mi’htav Me-Eliahou Dessler;
La voix de la Thora de Elie Munk.

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Thora de feu, Thora d’eau

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